Commémoration de l’abolition de l’esclavage: 22 Mai 1848

Afin de fêter cette date comme il se doit, nous avons pris l’habitude de mettre en avant l’ingéniosité de ceux qui furent mis dans une condition inhumaine. Grâce aux portes laissées entrouvertes, ces hommes et ces femmes ont pu ainsi se recréer une identité culturelle que nous avons pour devoir des faire vivre. Cette année nous avons voulu mettre en avant les origines de ce qui contribuera à créer la “mode martiniquaise”.

Aujourd’hui nous avons la possibilité de porter ce qui nous plaît (que cela nous aille ou pas) parce que nous possédons cette liberté de choisir ; tel ne fut pas le cas pour les premiers déportés de notre île. Le port d’habits, de bijoux, de coiffe et autres accessoires n’est pas anodin. Ces indicateurs apparents en disent long sur vous aux autres individus, comme le milieu auquel vous appartenez ou vous prétendez appartenir. Il informe aussi sur votre personnalité. Ceci amena certains à penser le vêtement comme une seconde peau. L’absence de dignité secondée par le changement de cette seconde peau aurait-il permis au système esclavagiste de mieux réaliser son forfait?

On distingue deux types de garde de robe chez les esclaves. D’un côté celle du personnel de maison qui s’étoffe des anciens vêtements des “maîtres” et de l’autres celle du personnel des champs composée de tenues pratiques faites de trois trous, sans frivolité.

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Puis, arriva le code noir. Un mode d’emploi réglementant les droits et devoirs auxquels tout “propriétaire” devait se conformer. Concernant l’habillement des esclaves, il stipulait que “ seront tenus les maîtres de fournir à chaque esclave, pour chacun par année, deux habits de toile, ou quatre aunes de toile, au gré des maîtres “

 

 

Les pauvres passèrent alors au caleçon ou à la jupe et au haut à large manche ou encore à 7.52 m de tissu.

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Peu à peu avec le temps, certains apprirent à apprivoiser le tissu, se spécialisant dans la taille et la confection de vêtements et d’accessoires. Les styles connus furent retravaillés, donnant naissance à des tenues de jour ainsi que des tenues pour les grandes occasions. On distinguera alors pas moins de sept types. Chacune se prêtant à une codification précise dans des tissus chics et colorés qui une fois travaillés sublimeront la beauté de la femme noire.

L’acquisition de ce savoir-faire permettra plus tard aux femmes affranchies de rivaliser en coquetterie avec les blanches pays. Quelle revanche de la part de celles qui furent si maltraitées Voilà comment un bout de tissu accordé par devoir, combiné à l’extraordinaire capacité de l’homme à faire preuve d’inventivité, modifièrent l’histoire. Ils contribuèrent à construire une partie de notre identité. Notre culture est le résultat de ces petites batailles menées dans l’adversité qui se transformèrent en de grandes victoires. Grâce à eux, un style propre à nous prendra naissance. Robes et “maré tet” (couvre chef) seront de toutes les colonies mais correspondront toujours à l’île dont elles seront issues. pourquoi ne pas prendre en exemple ces hommes et femmes qui ont su tirer le meilleur parti de situations désespérées?

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