En ce bon mois de mai où la liberté se fête, nous vous emmenons à la découverte d’une pratique tombée dans l’oubli.
Le cours de l’histoire changea le visage des plantations traditionnelles en plantation industrielles. Si certains ont préféré couper le lien avec la terre au profit des lumières traîtresses de la ville, d’autres ont choisi de se tourner vers les campagnes, faisant ainsi naître certaines pratiques dont le lasotè. Depuis quelques années, de associations font revivre ces savoirs laissés par les anciens.
Cette pratique naît d’une nécessité. En effet, face à une terre pentue, les agriculteurs ont dû trouver des solutions pour la travailler. Et pour ce faire rien de mieux que la solidarité des bras voisins. Afin de rendre ce travail de labour efficace, il fallut trouver une astuce pour que tout ce petit monde soit synchrone. Une façon de rendre le travail laborieux à la fois performant et agréable; bien loin de ce que l’on retrouvait sur les habitations et dans les usines. La musique transporte le corps et l’esprit, les voix qui accompagnent dirigent les hommes. On retrouve donc dans le champs, les musiciens, d’un côté donnant une cadence que les paysans, leur houe en mains, de l’autre côté, se doivent de suivre. Chaque rythme détermine une action précise. Un travail de plusieurs jours est ainsi réduit à une journée.
Selon monsieur Isambert Duriveau, de l’association l’Esprit lasotè de Fonds-Saint-Denis, leur travail au sein de l’association se définit plus comme la transmission d’un “outil pour affronter demain” car, le lasotè est une philosophie. Il a un impact sur la vie dans sa globalité. Il modifie à la fois le rapport entre les êtres, le rapport de ces derniers vis à vis du travail et celui entretenu avec la nature. Tout donc est pensé autrement.
L’agriculteur ne se retrouve pas seul face à un travail colossal. Des bras extérieurs lui viennent en aide. De plus, il s’effectue dans une atmosphère éloignée de la relation suborné-subordonnant, maître-esclave. Chacun apporte et transmet son énergie dans le but de créer une collaboration prospère. Cet effort collégial, une fois mené à son terme ne peut que favoriser le sentiment du devoir bien accompli et de la joie. De même, la vision portée sur la terre s’en trouve modifiée. La terre est “habitée “ et “ non exploitée”. On peut y voir les prémisses d’une conception écologique de l’agriculture. La terre donne ce qu’elle a de mieux car elle ne se retrouve pas soumise au rendement.
Quand on y réfléchit, on peut définir le lasotè comme un moment particulier. Cela expliquerait l’assimilation à une cérémonie. Le corps et l’esprit sont pénétrés par les notes du ti bwa, du tambour et de la corne de lambi. Les hommes se nourrissent de cela pour se mettre dans une bonne disposition de travail. Ils vont se donner entièrement à leur tâche pour autrui sans salaire en retour. C’est le summum de l’entraide. Ils arrivèrent à mettre en place un système où la générosité occupait la place première. Aider autrui pour avancer ensemble, épaule contre épaule. En ses heures sombres, retrouver cet esprit serait fort profitable pour nous. La cupidité et l’ignorance de certains nous mènent à notre perte.
Voyez en image :
Merci à:
https://www.ledevoir.com/societe/environnement/437390/martinique-l-esprit-lasote
http://christianforet.over-blog.com/2017/06/seremoni-lasote.html (tu peux mettre en avant il y une vidéo)