Des récits partagés pour un voyage dans la culture.
Le kwi
En trois lettres.
Je suis le résultat d’un fruit à la coque résistante qui une fois séchée devient aussi dure que le bois. Un petit ou grand fruit, aux formes très variées, qui une fois travaillé, se transforme en un objet très pratique décliné dans de nombreux domaines. A cette belle qualité s’ajoutent mes aspects écologiques et économiques. En effet, je peux d’un côté finir ma vie au compostage et de l’autre, je suis une ressource que l’on trouve encore sur place; jusqu’à quand, là est la question! Grâce à ma longévité induite par ma résistance et mon imperméabilité, j’occupe une place dans le quotidien des Hommes d’ici. Enfin, c’était plus vrai auparavant. Je fus remplacé petit à petit par le plastique au nom de la modernité mais, je n’ai pas totalement disparu, pas encore! On dirait même que j’ai retrouvé depuis quelques années une noblesse entre des mains créatrices. Qui suis-je?
Je suis le fameux “kwi”, qui est en réalité la moitié d’une calebasse. Je tiens mon origine des indiens caraïbes. Ces derniers élaboraient leurs récipients à partir du fruit du calebassier après l’avoir vidé et lui donnaient ensuite un nom en fonction de la finalité qui devait lui être attribuée. Pour contenir de la viande et du piment, ils confectionnaient une “lita”. La “rita” quant à elle, était utilisée pour le transport de l’eau et du vin. Il en va de même pour la “taba”, qui plus petite, recevait les autres boissons. La “comori” servait au transport du vin. Nous avons gardé principalement en mémoire les usages alimentaires. Il était donc courant de le rencontrer un peu partout, affecté au rôle de plat, de bol et de gobelet ou les trois à la fois. Eh oui, les grands parents n’avaient ni bac à glace ni d’autres objets en plastique tenant lieu de récipient sous la main.
Le kwi fait partie de ces exemples qui nous permettent d’apprécier les apports culturels des indiens Caraïbes dans nos pratiques quotidiennes. En effet, encore aujourd’hui, il n’est pas rare de rencontrer cette demie calebasse dans le placard d’une cuisine. Grâce à un travail sur la valorisation des ressources locales, certains se réapproprient ce dernier en apprenant la technique même de confection.
Pour la petite anecdote, l’expérience du feu a été menée.
Le kwi a été placé sur un tripatte (un réchaud à gaz sur trois pattes) et après quelques minutes, l’eau qu’il contenait s’est mise à frémir. La surface en contact avec le feu en est sortie brûlée sans pour autant être abîmée.